J’ai toujours eu une grande admiration pour les photographies de Sally Mann. Je crois qu’elle a réussi comme personne d’autre à photographier sa famille et à réaliser des images au caractère universel.
Quand ma compagne est tombée enceinte j’ai ressenti instinctivement que tout allait changer, c’est évident et banale mais il faut réellement le vivre pour le comprendre.
Pour cela, j’ai commencé à la photographier et comme à chaque commencement de réflexion je ne savais pas ce que je cherchais, ce que je voulais.
Je la photographiais très souvent, à la maison à l’improviste ou je lui demandais de poser aussi… le corps d’une femme au fur et à mesure des semaines se transforme complètement.
Les nuits, les promenades, même rester assise devient difficile, compliqué. Moi, qui l’accompagnais pendant ces neuf mois, je n’étais qu’un simple spectateur.
Pour moi rien ne changeait, la nature est terriblement injuste je pensais. En la photographiant je cherchais les angles qui pouvait être sensibles et qui révélaient sa condition, son état d’esprit et son nouveau physique.
Petit à petit je m’apercevais de sa nouvelle sensualité, de sa sublime charge érotique mêlé à sa férocité !
Alors, tel un personnage d’un film de Michelangelo Antonioni j’étais obsédé, je n’ai plus quitté l’idée de prendre des images d’Elle, je sortais mon appareil tout de suite rentré chez moi et je le posais juste pour dormir… elle m’a aimé pendant ce temps, elle m’a haï comme jamais auparavant ni après, mais elle m’a permis presque à la fin de sa grossesse de rentrer dans son état de grâce.